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SEMAINE DU 11 AU 17 NOVEMBRE 1918

11 novembre 2018

L’Ouest (81 JO 19) proclame la capitulation allemande dans son journal du 12 novembre 1918. Alors que les dernières semaines avaient été complètement accaparées par les nouvelles diplomatiques des négociations de paix, le quotidien local se recentre désormais sur l’Anjou et la joie de sa population à l’annonce de la signature de l’armistice. L’enthousiasme des Angevins à cette nouvelle est palpable tout au long de cette édition spéciale, consacrée à la victoire de l’Entente et de la France sur l’Allemagne. Fierté, soulagement, deuil, les émotions affluent dans les discours tenus par les représentants politiques de la région et des chroniqueurs. Nous avons choisi de retranscrire les paroles de ces Angevins durant cette journée du 11 novembre 1918. Ce sont ceux qui sont le plus à même à décrire ce qu’ils ont vécu en ce jour historique dans la cité angevine et les sentiments que cet armistice a su procurer.

L’Allemagne a capitulé, Vive la République ! Vive l’Armée ! Vive la France !

 
Légende : L’Allemagne a capitulé, Vive la République ! Vive l’Armée ! Vive la France ! (L’Ouest du 12 novembre 1918. 87 JO 19)

 
Légende : Clemenceau annonçant l’armistice franco-allemand à la Chambre (Illustration du 16-23 novembre 1918. PER 147 30)


 
Légende : Les délégués français et allemands après la signature de l’armistice à Rethondes (Illustration du 30 novembre 1918. PER 147 30)

La nouvelle est attendue depuis quelques jours déjà, mais l’arrivée des parlementaires allemands en France confirment les attentes de tous les Français : l’Allemagne capitule le 11 novembre 1918. La presse angevine officialise cette annonce dans son édition du 12 novembre 1918. L’ensemble des autorités locales se mobilisent pour transmettre l’heureux événement tandis que la population descend dans les rues pour exprimer son enthousiasme.

Les conditions de l’armistice

 


Les principales conditions de l’armistice franco-allemand son relayées dans la presse et les Français découvrent avec joie les conditions imposées à l’Allemagne en faveur des Alliés et des nations victimes de la guerre.
-    Cessation des hostilités sur terre et dans les airs six heures après la signature de l’armistice.
-    Évacuation immédiate des pays envahis qui seront désormais occupés par les troupes alliées.
-    Rapatriement complet, immédiat et dans un délai de quinze jours de tous les habitants des pays énumérés.
-    Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes, qui seront administrés par les autorités locales sous le contrôle des troupes d’occupation des Alliés et des États-Unis.
-    Rapatriement des prisonniers de guerre.
-    Abandon du matériel de guerre.
 


Légende : Les Allemands abandonnent le matériel de guerre sur les routes françaises (Illustration du 7 décembre 1918. PER 147 30)

Un appel du préfet de Maine-et-Loire

 


M. Paul Bouju, préfet de Maine-et-Loire s’adresse à la population angevine :
« Chers concitoyens, nous pouvons enfin donner libre cours à la joie dont nos cœurs sont remplis. L’armistice, prélude de la Paix glorieuse et réparatrice a été signé. En cette heure solennelle où la France commence à recueillir les résultats splendides d’un effort de plus de quatre années, pensons tout d’abord avec émotion à nos morts qui par leur sacrifice ont rendu possible ce triomphe […] Saluons avec admiration et gratitude nos Alliés fraternels ; renouvelons l’assurance de notre sollicitude affectueuse et de la solidarité nationale aux populations dont les foyers ont été dévastés ».

Un appel du maire d’Angers

 


M. V. Bernier, maire d’Angers s’adresse aux habitants de sa ville :
« Mes chers concitoyens, Après plus de quatre années d’une guerre sans pareille dans l’histoire, l’Allemagne vient de s’avouer vaincue. Avant de nous livrer à l’immense joie que nous apporte cette nouvelle, nous devons notre première pensée à nos chers disparus, à ceux qui sont tombés au champ d’honneur sans recueillir les fruits de la victoire. […] C’est avec une émotion profonde que je vous invite, mes chers concitoyens, à célébrer dignement cette journée, dans laquelle je veux voir l’aurore d’une humanité meilleure, le présage d’un rapprochement de tous les Français fraternellement unis pour recueillir les fruits de la paix. Saluons la libération des nations opprimées, réjouissons-nous avec les peuples qui rentrent dans leurs foyers si longtemps souillés par l’ennemi […] Et demain, remettons-nous au travail pour panser nos plaies et assurer à notre chère Patrie la première place dans le monde civilisé ».

L’enthousiasme à Angers

 


L’annonce de la signature de l’armistice franco-allemand à Angers est retranscrite dans le détail par la presse locale, dont les mots ne tarissent pas d’éloge sur la fraternité régnant dans la cité angevine entre tous les citoyens de la région, les soldats et les étrangers et/ou rapatriés en Anjou.
« Dès qu’elle a connu la conclusion de l’armistice, la population angevine a manifesté ostensiblement – magnifiquement, pouvons-nous dire – son enthousiasme. Comme par enchantement, les drapeaux français et alliés ont fait partout leur apparition, dans les grands magasins comme dans les petits, dans les quartiers bourgeois et aristocratiques, ils flottaient à la brise de novembre. On n’en avait jamais tant vus […] La foule en délire a, toute l’après-midi, sillonné nos rues, nos places et nos boulevards […] Les véhicules américains ont circulé avec entrain et nos très sympathiques alliés vibrant à l’unisson de notre enthousiasme, s’étaient assuré le concours de groupes de musiciens qui faisaient entendre de joyeux allegros et les hymnes patriotiques. Les groupes défilaient nombreux bras dessus, bras dessous ; soldats français, américains, italiens, polonais fraternisaient et s’embrassaient […] Et ce n’est pas tout, il y avait sous le ciel angevin des plumets … de gais plumets … le petit vin d’Anjou, si agréable à déguster avait copieusement arrosé la victoire […] car l’occasion était unique et la journée … historique ».

 
Légende : L’enthousiasme de la population parisienne à l’annonce de l’armistice franco-allemand (Illustration du 16-23 novembre 1918. PER 147 30)

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