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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 4 AU 10 NOVEMBRE 1918
04 novembre 2018
Le Petit Courrier (97 JO 35) est entièrement centré sur le dénouement de la guerre et plus particulièrement du conflit franco-allemand. L’Autriche vient de signer l’armistice et Guillaume II achève de transférer ses droits souverains au peuple allemand. Seul ennemi encore engagé sur le front, l’Allemagne est désormais abandonnée par tous ses alliés. L’unique retraite qui lui est encore possible est la capitulation. Les négociations de paix sont caduques et l’armée allemande n’a plus d’autre choix que d’abdiquer, tout comme son chef de guerre. Les premiers parlementaires arrivent donc aux bords des lignes françaises le 9 novembre 1918 et sont conduits en gare de Rethondes, où ils doivent rencontrer le maréchal Foch et les délégués alliés. La fin de la Première Guerre mondiale est imminente.
L’Autriche a signé l’armistice
Légende : L’Autriche a signé l’armistice (Le Petit Courrier du 4 novembre 1918. 97 JO 35)
Après la Turquie, c’est au tour de l’Autriche-Hongrie de mettre fin au conflit qui l’oppose aux membres de l’Entente. Le 4 novembre 1918, l’empire autrichien signe l’armistice avec les puissances alliées. Si le jeu des alliances militaires et politiques est à l’origine de l’entrée en guerre des belligérants européens dans la guerre mondiale, les négociations de paix se sont déroulées quant à elles séparément pour chaque membre de l’Alliance. Essayant de tirer le meilleur parti d’un accord avec les Alliés, l’Autriche et la Turquie négocient à part. « Aujourd’hui à quinze heures, il n’y aura plus de front autrichien. Il n’y a plus, déjà, de front bulgare, ni de front turc. Il ne reste qu’un front allemand – un front singulièrement mouvant … - et encore, pour combien de temps ? […] Quelle qu’elle soit, l’Allemagne acceptera de la subir. Sa situation militaire, son isolement en face d’un monde d’ennemis, l’y contraignent. Dans quelques jours, l’orgueilleuse nation, s’avouant vaincue, aura signé sa capitulation ».
Guillaume II transfère ses droits au peuple
Acculé de toute part par son gouvernement et ses ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur, Guillaume II est confronté à la chute de son régime. N’ayant d’autre choix que de confier l’avenir de l’Allemagne à ses sujets, l’empereur transfère finalement ses droits au peuple. «Je renvoie ci-joint pour publication immédiate le projet de loi modifiant la constitution impériale et la loi relative au pouvoir représentatif du chancelier impérial du 17 mars 1879 qui a été soumis à ma signature. À l’occasion de l’introduction de cette mesure si importante pour l’histoire du peuple allemand, je désire exprimer mes sentiments. J’ai préparé par une série d’actes gouvernementaux, un nouvel ordre de choses entré maintenant en vigueur qui transfère les droits fondamentaux du Kaiser au peuple. Ainsi se termine une époque qui apparaîtra avec honneur aux yeux des générations futures. Mais dans les terribles tempêtes de quatre années de guerre, les anciennes formes ont été détruites non pour laisser derrière elles des ruines, mais pour faire place à de nouvelles formes vivantes. Après les grands faits accomplis, le peuple allemand peut revendiquer qu’aucun droit lui garantissant un avenir libre, heureux ne lui sait refusé, puisse un nouvel ordre de choses mettre en liberté toutes les forces de bien dont notre peuple a besoin pour supporter les épreuves menaçant l’empire et lui conquérir vaillamment un avenir brillant ».
L’abdication du Kaiser
Le 9 novembre 1918, le service allemand de propagande annonce que le chancelier Max de Bade a publié la proclamation de l’abdication du Kaiser : « L’empereur et roi a décidé d’abdiquer. Le chancelier restera en fonctions jusqu'à ce que les questions se rapportant à l’abdication de l’Empereur, à la renonciation du kronprinz au trône de l’Empire d’Allemagne et du Royaume de Prusse et à l’institution d’une régence soient réglées. ?Il a l’intention de proposer au Régent la nomination du député Ebert comme chancelier et le dépôt d’un projet de loi portant fixation immédiate d’élections générales en vue d’une assemblée nationale allemande Constituante, qui aurait pour tâche de déterminer définitivement la Constitution future du peuple allemand, y compris les éléments qui pourraient désirer entrer dans le cadre de l’Empire ».
Les parlementaires allemands en France
Les préludes de l’armistice franco-allemand se font connaître quelques jours avant la signature officielle de l’accord. Les premiers parlementaires allemands sont autorisés à passer la ligne tenue par les Alliés dans le nord de la France le 9 novembre 1918. « À deux heures, jeudi, le long des lignes allemandes, les ennemis portant des drapeaux blancs se présentèrent par ordre devant les lignes françaises, disant : ?Au nom de l’humanité, nous ne tirons plus, l’armistice est signé, la guerre est finie?. Il leur fut répondu : ?Ne tirez plus c’est votre affaire, nous continuons tant que nous ne sommes pas avisés officiellement?. Les parlementaires se retirèrent et la bataille continua […] De notre côté, ordre fut donné de suspendre les hostilités sur plusieurs kilomètres du point fixé du rendez-vous. Les délégués arrivèrent dans trois automobiles. Ils furent reçus par les officiers envoyés par l’och […] Le lendemain matin, les délégués furent menés en gare de Rethondes, où se trouvait le train spécial du maréchal Foch ». Après cette entrevue, les délégués demandent la liberté de débattre en eux des conditions de l’armistice et envoient leurs conclusions au quartier général allemand.
Légende : Les drapeaux blancs allemands (Illustration du 16-23 novembre 1918. PER 147 30)
Légende : Les négociations finales de la paix dans le wagon de Rethondes (Illustration du 30 novembre 1918. PER 147 30)