Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 4 AU 10 MARS 1918
04 mars 2018
La Russie et la Roumanie trouvent finalement un accord de paix avec l’Allemagne et les membres de la Triple Alliance. Les journées des 3 et 5 mars 1918 marquent une rupture essentielle dans la conduite de la guerre. L’unité du front est désormais réalisée. Les derniers combats qui établiront la suprématie de l’un ou l’autre parti auront lieu en France. Le Journal de Maine-et-Loire (72 JO 128) revient sur les conditions de paix négociées par les deux anciens alliés de l’Entente et les concessions accordées aux empires centraux. Si la trahison de la Russie a des conséquences néfastes pour le front franco-britannique, l’histoire oublie souvent de mentionner les conséquences de ce revirement diplomatique sur les pays du Caucase. Le premier génocide du XXe siècle sur le continent Eurasien est en effet mené à la suite de ce traité. La Turquie se lance aussitôt en croisade contre le peuple et le territoire Arménien, faisant des millions de victimes civiles.
Le traité de Brest-Litovsk
Légende : Le traité de Brest-Litovsk (Le Journal de Maine-et-Loire du 6 mars 1918. 72 JO 128)
Les représentants des gouvernements russe et allemand sont enfin parvenus à un accord : le traité de paix de Brest-Litovsk est signé le dimanche 3 mars 1918 dans l’après-midi. Le texte n’est pas encore complet et ne comprend pas les annexes des accords économiques, ni les cartes des frontières « et cela nous empêche de nous rendre exactement compte de l’étendue des cessions territoriales ». Ce qui est certain, c’est que toutes les propositions allemandes sont adoptées sur tous les points par la Russie et le reste des questions litigieuses seront tranchées selon le point de vue allemand, le point de vue le plus fort des deux partis. Une des principales caractéristiques de ce traité concerne le démantèlement de l’empire russe. L’Allemagne souhaite qu’une fois la frontière russe tracée, le pays se désintéresse pour toujours des terres situées à l’Ouest de la démarcation. « Par conséquent, toute la Pologne, toute la Lithuanie, et toutes les provinces baltiques sont livrées au bon plaisir des empires centraux ». Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est passé sous silence et le reste du monde se demande quel sera le sort de ces nations.
Les conditions de paix signées par la Roumanie
La signature de la paix entre la Russie et l’Allemagne entraîne la signature d’un traité entre la Roumanie et les puissances centrales le 5 mars 1918. Il s’agit en réalité d’un texte préliminaire où toutes les principales conditions de l’accord sont déjà connues. Une trêve de quatorze jours est convenue entre les belligérants, ainsi que des concessions territoriales, la démobilisation de l’armée roumaine, l’évacuation des territoires occupés par la Roumanie. Celle-ci s’engage par ailleurs à aider le transport des troupes et à renvoyer les officiers encore en guerre dans son armée.
Le massacre des arméniens par les turcs continue
Les millions de soldats morts sur les différents champs de bataille durant la Première Guerre mondiale ne saurait par ailleurs occulter le génocide de millions d’arméniens en Turquie. L’épuration ethnique lancée dans le pays est le premier du genre dans l’Europe du XXe siècle et l’opinion est déjà choquée de l’ampleur du massacre. « Il est confirmé, les déclarations des consuls allemands en font foi, que les troupes turques qui avancent en Arménie, exterminant littéralement ce qui reste de la population de ce malheureux pays […] Les mêmes atrocités se reproduisent dans chaque ville, dans chaque village. L’abandon par la Russie des districts transcaucasiens signifie simplement l’extermination des populations qui y restent ».
La Ligue antiallemande de l’Anjou
La Ligue antiallemande de l’Anjou dresse la liste de toutes les boutiques et de tous les commerçants qui s’engagent à ne pas vendre de produits allemands, autrichiens et tout autre allié de la Triple Alliance, à ses consommateurs. Les principaux adhérents sont regroupés rue Saint-Lazare, rue Voltaire, Richat et rue Lyonnaise. Cette Ligue est formée par un certain nombre de coiffeurs, épiciers, vendeurs de cartes postales, opticiens ou encore libraires et imprimeurs.