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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 28 JANVIER AU 3 FÉVRIER 1918
28 janvier 2018
Les bombardements allemands se déplacent un peu plus chaque jour à l’arrière du front et visent particulièrement la capitale française en ce début d’année 1918. Paris et sa population sont victimes des raids ennemis qui ne frappent non plus des militaires, mais des civils. La réaction de l’opinion est très forte mais les autorités utilisent la censure pour atténuer l’impact des événements. Ce contrôle est largement dénoncé par L’Ouest (87 JO 18) dans la région angevine, qui, comme la société allemande, conteste la marche de manœuvre du commandement militaire. Le gouvernement français est visé par la critique nationale, de même que ses opposants socialistes ; aucun parti ne trouve grâce aux yeux de l’arrière qui est las de la guerre.
Le bombardement de Paris
Légende : Le bombardement de Paris (L’Ouest du 2 février 1918. 87 JO 18)
Les premiers mois de l’année 1918 sont marqués par d’importants raids aériens allemands sur la capitale française. Le bombardement de Paris du 1er février 1918 est le premier d’une longue série d’attentats meurtriers comme Londres a pu en être victime au début de la guerre. 45 morts et 207 blessés sont à déplorer dans cette attaque bien que les mesures de précaution ont fonctionné. « À 11h30 dès que les sirènes eurent averti les habitants, l’extinction des lumières fut faite en un instant, et la capitale fut plongée dans l’obscurité ». Des appareils de protection décollent parallèlement du Bourget pour intercepter les Gothas allemands. « La plupart des victimes ont dû la mort à leur insouciance du danger, frappées dans les rues alors qu’ils suivaient l’évolution du combat dans le ciel », ou bien retranchées dans les boutiques où elles se réfugient aux étages inférieurs, touchés par le souffle des explosions. «Hier, entravés par la censure, malgré les renseignements envoyés par nos correspondants, nous n’avons pu donner que d’insignifiants détails sur le bombardement de Paris ». Aujourd’hui, « une foule très dense se presse autour de ces lieux : c’est jeudi et les écoliers sont venus avec leurs parents et détaillent tous les effets des explosions ».
La démission de Justin Godard
Acculé de reproches, le sous-secrétaire d’État à la santé, Justin Godart, est visé par la critique qui l’imagine en charlatan proférant des miracles, comparé à Saint-Joseph en patron de la vie et protecteur des enfants, ou encore travesti en infirmière. « L’affaire du droguiste devenu audacieusement médecin a déchaîné contre lui une tempête parlementaire dont l’issue peut être un remaniement dans l’organisation du service de santé ». La démission du sous-secrétaire de mouvance socialiste est attendue d’ici peu, mais le fondateur de la Ligue contre le cancer restera en poste jusqu’en 1920. Les origines sociales de Justin Godart et son appartenance au milieu socialiste n’auront pas eu raison de sa carrière politique pendant la guerre.
La censure de L’Ouest
Sitôt le journal L’Ouest frappé par la censure, les journalistes travaillant pour l’hebdomadaire local dénoncent l’injustice portée à leurs écrits et le soutien hypocrite du gouvernement à quelques titres bien choisis de la presse nationale. « Que disait donc le rédacteur de l’« Ouest » pour mériter cette résurrection accompagnée d’un prompt châtiment ? Rien ou peu de chose… Ce journaliste enchaîné par une autorité locale émettait la prétention de découper dans l’« Homme Libre » qui n’a comme chacun le sait, aucune attache ministérielle, le récit du bombardement de Paris par les Gothas […] Nous ne nous adressons plus à une autre juridiction ; parce que nous sommes las … très las […] Il fut un moment où le soleil brillait pour tout le monde » mais ce dernier semble dorénavant étendre ses rayons au-dessus de l’Echos Parisien, libre de toute censure.
La guerre et le haut commandement allemand
Le vaste mouvement de grèves ouvrières en Allemagne accuse le haut commandement de retarder la fin de la guerre. Les généraux Hindenburg et Ludendorff sont particulièrement visés dans cette protestation et leur réponse n’est pas faite pour apaiser le ressentiment de l’opinion publique : « un homme raisonnable peut-il croire que le maréchal Hindenburg et moi, sur qui repose une aussi énorme responsabilité, voudrions encourir cette responsabilité, si la sécurité du peuple allemand et les intérêts vitaux de l’empire ne l’exigeaient point ? ».