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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 28 MAI AU 3 JUIN 1917
28 mai 2017
L’Ami du Peuple (6 JO 12) s’emploie cette semaine à expliquer à ses lecteurs l’audace du militarisme prussien. Ce dernier ne respecte pas la neutralité des nations, ni même de ses alliés et les accords obtenus avec lui à propos des échanges de prisonniers de guerre sont le fruit de longues négociations. Chaque article relayé dans la presse française brosse le portrait d’un ennemi détestable.
Prochain échange de prisonniers de guerre entre l’Allemagne et la France
Légende : Prochain échange de prisonniers de guerre entre l’Allemagne et la France (L’Ami du Peuple du 3 juin 1917. 6 JO 12)
Le sort des prisonniers de guerre est pris très au sérieux par les états engagés dans le conflit et les organisations internationales œuvrant dans le conflit, comme la Croix Rouge. Ainsi, le principe des échanges de prisonniers suscitent de nombreux accords entre les nations ennemies, en particulier la France et l’Allemagne. Fruits de longues négociations, établis par la médiation des pays neutres, ces échanges sont largement relayés et faussés dans la presse : « de nombreuses informations ont paru récemment dans la presse française au sujet de nouveaux accords concernant le rapatriement, l’échange direct et l’internement en Suisse de diverses catégories de prisonniers de guerre ». Cela est faux. Un accord est en réalité passé entre la France et l’Allemagne afin d’interner et de rapatrier des prisonniers malades ou blessés en Suisse. L’élargissement de la notion de maladie constitue l’unique nouveauté de cette entente qui contient deux grands points :
- L’échange direct, sans distinction de nombre, de grades, et pour 18 mois ou plus de captivité, des sous-officiers et soldats âgés d’au moins 48 ans et père de trois enfants minimum.
- L’échange direct tête pour tête après 18 mois de captivité, des sous-officiers et soldats non-compris dans le premier article, selon une liste d’ancienneté et le nombre d’enfants.
L’accord précise également que les prisonniers de guerre échangés entre les pays adverses ne pourront plus être mobilisés sur le front.
Légende : Un prisonnier allemand mûr pour la paix (Illustration du 6 janvier 1917. PER 147 29)
La terreur allemande et les neutres
« La guerre de terreur, érigée en système par l’Allemagne, n’épargne même plus les neutres germanophiles ». La Suède, ravitaillant ouvertement l’Allemagne depuis le début du conflit, subit les assauts répétés des torpilleurs allemands qui envoient par le fond des navires suédois remplis de vivres. « Le pain manque à Stockholm et dans d’autres villes où le peuple, exaspéré, pille et saccage les boutiques et magasins d’alimentation. Les femmes de Suède ne veulent plus qu’on laisse passer des vivres en Allemagne ». Les vapeurs espagnols sont quant à eux directement coulés dans les eaux territoriales de leur propre pays. L’Espagne reçoit les excuses hypocrites de l’Allemagne qui ne calme en rien l’indignation des ibériques, déjà secoués par les affaires d’espionnage aux Baléares. La Suisse est également touchée par la guerre sous-marine allemande qui détruit les navires américains chargés de son ravitaillement. « Le travail souterrain des Boches revêt toutes les formes, certains neutres, dans leur égoïsme obstiné, s’en aperçoivent, un peu trop tard, qu’ils sont devenus eux-mêmes victimes ».
Mortelle imprudence
Un accident mortel vient de frapper la ville de Trélazé, incluant deux jeunes gens du coin. Un permissionnaire rentrant du front « avait démontré à ses parents et à son frère […] âgé de 16 ans, le maniement d’un revolver qu’il avait apporté avec lui ». Une fois le militaire endormi, le jeune frère du soldat, aidé d’un voisin, vole l’arme afin de reproduire les gestes de leur aîné. Son frère « eut la malencontreuse idée d’appuyer sur la gâchette. Un coup partit, la balle traversa la main gauche du jeune imprudent et alla blesser son camarade qui s’affaissa ». Les côtes, l’estomac et un des reins du voisin sont touchés, provoquant d’importantes hémorragies. « Malgré les soins qui lui furent prodigués », le jeune homme succombe.