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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 26 MARS AU 1ER AVRIL 1917
26 mars 2017
Le Réveil Choletais (118 JO 2) relaie les premières réglementations que le gouvernement Ribot souhaite mettre en application. Ces dernières n’augurent pas une amélioration de la vie à l’arrière. Au contraire, elles en accentuent les conditions et privent un peu plus les populations civiles de ressources. La révolution russe apparaît en filigrane derrière ces nouvelles restrictions, comme une mise en garde à l’attention du ministère français en pleine crise politique de passation de pouvoir.
Choses de Russie
Les quotidiens nationaux cherchent à expliquer la révolution qui se déroule actuellement en Russie et, trouver dans le gouvernement des tsars, les origines du mécontentement populaire. Le pays fait bonne figure aux yeux des Alliés, ce qui explique que la presse recherche activement les responsables de ce revirement. « À l’heure où le plus violent des cyclones politiques s’abat sur le pays, qui n’est déjà plus l’Empire des Tzars, toutes les idées convergent vers cette Russie, cette grande alliée qui [...] nous a donné passablement d’émotion, depuis le commencement de la guerre ». Revenant sur l’enthousiasme des premiers jours où « les espérances fondées sur la nation […] nous créaient un point d’honneur de faire cause commune » l’article énumère les différentes phases de l’engagement russe dans le conflit. Les soldats du tsar devaient déferler sur l’Allemagne comme un « rouleau compresseur » et les premiers événements donnent raison aux plus optimistes. Après quelques revers, l’offensive du général Broussilov et l’entrée en guerre de la Roumanie rendent victorieux les Alliés sur le front oriental. « Les choses en étaient là, quand le souffle puissant de la Révolution souleva les voiles épais dissimulant les événements intérieurs du pays des Tzars ». Le « germanophilisme » du parti de la tsarine est particulièrement montré du doigt. « À vrai dire, jamais, à nous Français, la Tzarine n’inspira confiance ». Issue d’une lignée allemande, elle entretient une correspondance active avec le reste de sa famille en Allemagne. Son époux le tsar n’aurait pas su contrer l’influence néfaste de l’impératrice qui est comparée à Catherine de Médicis. « C’est maintenant la confusion ; c’est la mêlée des idées, des partis. Tout le monde veut commander, diriger, ordonner […] Aussi bien, puisque la Russie a voulu avoir son 89, il est à souhaiter qu’elle désire également son 92 ».
Allons-nous connaître de nouvelles restrictions ?
Légende : Allons-nous connaître de nouvelles restrictions ? (Le Réveil Choletais du 1er avril 1917. 118 JO 2)
Le nouveau gouvernement dicte une politique énergique en faveur du rationnement. La crise du charbon sévit toujours en France ; la production nationale assure 26 millions de tonnes annuels « mais il faudrait 40 millions pour suffire à la consommation nationale ». Le manque de main-d’œuvre est un des facteurs avancé pour expliquer la faible exploitation. L’écart doit être compensé par un rationnement plus sévère : « il ne faut donc pas s’attendre, même avec les beaux jours, au rétablissement de l’ordre des choses normal ». Les produits de consommation quotidiens sont également touchés et « un nouveau type de pain s’impose avec urgence ». La pénurie de charbon met également en danger les usines et les producteurs de sucre. Le gouvernement « fera tout son possible pour leur permettre de traiter la betterave » tandis que les prix de l’huile et de l’essence ne feront que flamber.
Expérience de labourage par tracteur mécanique
Le maire de Cholet, M. Marie-Baudry, « chevalier de la Légion d’Honneur », fait passer une annonce dans Le Réveil Choletais le 30 mars 1917 à l’attention des exploitants agricoles de la région. Les cultivateurs peuvent ainsi bénéficier d’expérience de labourage par des tracteurs automobiles. À cette occasion, la ferme de la Grange leur sera ouverte. L’utilisation de véhicules motorisés doit permettre de pallier à la mobilisation sur le front des exploitants et cultiver les terres plus facilement. Ces mesures font écho aux opérations débloquées par le gouvernement pour améliorer la production agricole de la France afin de réduire les importations de matière première.