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Il y a 100 ans cette semaine

SEMAINE DU 22 AU 28 JANVIER 1917

22 janvier 2017

L’Ouest (87 JO 16) retrace cette semaine le début de la guerre sous-marine totale et les troubles intérieurs qui agitent les nations européennes. Si la situation militaire paraît relativement calme sur les différents théâtres d’opération, les populations civiles supportent de moins en moins l’état de guerre, qui rend insupportable leur quotidien. Que ce soit en France, en Angleterre ou en Allemagne, les pénuries et catastrophes en tout genre se cumulent au conflit et révoltent l’arrière du front.

Une explosion à Londres

 


Un correspondant français du Paris-Midi rapporte un tableau macabre de l’explosion d’une fabrique d’explosifs à Londres. La déflagration est terrible et ressentie à des kilomètres à la ronde. Les autorités s’attendent à un bilan humain lourd. « Tout le quartier où a eu lieu l’explosion à l’air d’avoir été bouleversé par un terrible tremblement de terre […] Il ne reste qu’une muraille […] et quelques ruines fumantes, tombeau de braves gens qui avaient dévoué leur activité à aider […] leurs compatriotes qui veillent dans les tranchées ». Comparant le lieu de la catastrophe aux sites antiques d’Herculanum et de Pompéi, l’auteur poursuit : « une jeune fille dont les vêtements avaient été presque entièrement brûlés , qui avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds […] regardait avec une expression d’indicible terreur les flammes […] et répétait inlassablement cette phrase qui me poursuivra longtemps comme un refrain de cauchemar : « Mes fleurs de guerre, mes fleurs de guerre » […] Le choc produit par l’explosion fut d’une telle intensité que des centaines de personnes rentrant chez eux furent renversés et même des trampays pleins de voyageurs furent soulevés et sortirent de leurs rails ».

Manifestation à Paris

 
Légende : Manifestation à Paris contre la pénurie de charbon (L’Ouest du 24 janvier 1917. 87 JO 16)
La durée de la guerre et les restrictions mettent à dure épreuve les nerfs des civils restés à l’arrière. Le mois de janvier 1917 est marqué par un mouvement social important en France contre le manque de ravitaillement. La pénurie de charbon est particulièrement difficile pour l’opinion publique en période hivernale et une manifestation à Paris paralyse pendant quelques heures la capitale. « Un certain nombre d’hommes et de femmes, fatigués d’une vaine et longue attente devant les magasins de vente et les grosses maisons de charbons de terre, auxquels se joignirent le personnel d’une fabrique qui ferme à cause de l’insuffisance de chauffage, manifestèrent sur les grands boulevards en réclamant du charbon. Les manifestants furent dispersés par les agents sur la place de l’Opéra, sans autres incidents. La fabrique a été rouverte cette après-midi, ayant été approvisionnée ».

Le courrier d’un angevin prisonnier de guerre en Allemagne

 


Une famille angevine dont le fils est depuis longtemps prisonnier de guerre en Allemagne vient de recevoir une lettre astucieuse « qui en dit long (deux mots d’argot) sur la crise économique qui sévit en Bochie et sur la dépression profonde qu’elle exerce sur les mangeurs de choucroute ». Daté du 17 décembre 1916, ce courrier est un véritable « cri du cœur ! » de la part de notre stratagème angevin. « Nous ne pouvons résister au plaisir de mettre toute crue sous les yeux de nos lecteurs qui s’en amuseront, les quelques lignes révélatrices adressées par notre exilé : « Tu donneras le bonjour à M. Ilssonfoutu – M. et Mme Enou – M. Rienabekter et à toute la famille » […] Nous te croyons mon vieux poilu ».

Combat naval en mer du Nord


La guerre sous-marine totale est lancée en ce mois de janvier 1917 et aucune nations n’est épargnée par le fléau des torpilleurs allemands. Un combat naval de grande ampleur se déroule actuellement en mer du Nord. Les anglais ont réussi l’exploit de surprendre la flotte ennemie et d’abattre sept torpilleurs allemands. L’attaque est « d’une telle soudaineté que leurs adversaires n’eurent pas même le temps de riposter à cette attaque aussi rapide […] L’ennemi vient de subir un désastre complet ». Selon les renseignements anglais, une flottille de douze vaisseaux allemands, commandée par le capitaine de corvette Schultz, avait quitté leur port d’attache pour éviter les glaces, mais souhaitait en réalité réaliser une excursion sur les côtes anglaises. Le succès britannique est total et tout le monde se réjouit de l’avarie du V-69.


Cette semaine il y a 100 ans

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