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Il y a 100 ans cette semaine

SEMAINE DU 1ER AU 7 JANVIER 1917

01 janvier 2017

En ce début d’année 1917, les habitants de l’Europe doutent qu’il y ait encore une solution au conflit qui dévaste le continent. L’Allemagne tente pourtant de forcer la décision en adressant aux Alliés une offre de paix. Pris dans une double impasse qui le conduit soit à la révolte de son peuple soit à la pénurie d’hommes sur le front, le Kaiser opte pendant un moment pour la sécurité intérieure du pays. Les responsables des Alliés planifient quant à eux une dernière offensive que tous espèrent victorieuse. Le Petit Courrier (97 JO 32) se présente comme le relai de ces stratégies militaires pour cette nouvelle année de guerre qui commence.

La réponse de l’Entente aux propositions allemandes de paix

 
Légende : La réponse de l’Entente aux propositions de paix allemandes (Le Petit Courrier du 1er janvier 1917. 97 JO 32)
Les propositions de paix des puissances centrales sont très largement rejetées par les Alliés alors que ces derniers se dirigent vers la victoire sur le champ de bataille. À la recherche de justice et souhaitant à tout prix la défaite militaire de l’Allemagne, la presse locale angevine se déchaîne et ridiculise l’offre ennemie tout en glorifiant la réponse de l’Entente : « elle met et elle promène le nez des Boches dans leur infamie, avec des mots tranquilles et mesurés, elle constitue, avec la traditionnelle courtoisie diplomatique, un document accablant […] Quelle joie pour nous de voir ce magistral soufflet s’abattre sur la face amaigrie et déloyale de notre ennemi aux abois, quel commencement de vengeance douce à nos cœurs gonflés d’espérance et de certitudes ! […] Les Impériaux seront obligés d’avouer qu’ils furent les agresseurs, de répudier leur mensonge sur lequel ils vivent depuis trente ans […] Le premier terme de nos buts de guerre c’est non plus les « restitutions », mais les « sanctions » […] Quand MM. Les Boches auront encore ramassé quelques bonnes volées et consommé les quelques kilos de pommes de terre et de navets qui leur restent, vous les verrez se plier aux conditions des vainqueurs ».

Famine et Révolution en Allemagne

 


Un commerçant hollandais revenant d’une tournée en Allemagne dresse le portrait critique d’une nation anéantie par la guerre. Les femmes allemandes le supplient d’implorer l’aide des Alliés : « Dites-leur d’avoir pitié de nous, car notre gouvernement n’en n’a pas. Dites-leur que nous mourons de faim. Tel est le pathétique vœu de Nouvel An que le correspondant neutre a rapporté d’Allemagne ». Ce dernier raconte que les chevaux se détournent du pain que la population mange depuis bientôt 18 mois. Il est rationné à 60 grammes par jour et par personne et est composé de riz, de poussière, avec un goût de caoutchouc. La viande et le lait sont introuvables tandis que le café et les féculents sont comme une « histoire légendaire d’avant guerre ». Les civils paraissent à bout de souffle, ce qui encourage fortement l’opposition au régime. « Il y a de nombreux signes de progrès des idées révolutionnaires » dont on retrouve les échos dans les propositions de paix. Le gouvernement cherche avant tout à calmer les esprits agités dans ses propres frontières afin de continuer à soutenir l’effort de guerre.

La réquisition des vins d’Anjou

 


Une soixantaine de membres de l’Union des Viticulteurs de Maine-et-Loire se réunissent le 4 janvier 1917 afin de protester contre la fixation au degré du prix des vins et les réquisitions. Ils font « justement remarquer que, pour nos contrées surtout, le degré des vins n’est pas absolument représentatif de leur valeur exacte […] Nous serons heureux si pour notre part, nous pouvons contribuer à ce que les viticulteurs de Maine-et-Loire, si éprouvés pendant ces deux dernières années, obtiennent les satisfactions auxquelles ils ont droit ».

La conférence des Alliés à Rome

Les 6 et 7 janvier 1917, « l’arrivée des ministres français et anglais à Rome est accueillie avec une vive sympathie par l’opinion italienne. Les journaux voient dans ces entrevues, le symbole de l’union toujours plus intime des nations alliées […] L’impression générale est qu’elle aura une importance capitale et exercera une influence très sensible sur le cours des événements ».

L’Allemagne violera-t-elle la neutralité Suisse ?


La violation du territoire belge fait craindre à la Suisse des excursions allemandes dans le pays. Même si l’opinion du Petit Courrier paraît ne pas accorder trop de crédibilité à l’information, la rancœur contre l’Allemagne fait espérer tous les scénarios possibles : « évidemment nous avons été trop fréquemment échaudés par l’Allemagne pour croire à sa parole. Toutefois nous serions étonnés que, même poussés par la faim et l’absolue nécessité, nos ennemis se risquassent, en ce moment, à une aventure aussi périlleuse que la violation du territoire d’un nouveau pays ».

L’assassinat du moine Raspoutine

Un correspondant anglais à Petrograd renseigne la presse sur les événements du vendredi 29 décembre 1916, qui ont coûté la vie au moine Raspoutine. « Deux jeunes gens appartenant à la plus haute société de Petrograd » viennent ainsi devant son domicile et enlève le moine qui est « transporté dans une grande maison sur le canal de la Moïka, appartenant au prince Youssoupoff ». Samedi matin vers trois heures, un policier de service entend des coups de feu et des cris dans les environs. Il se rend sur place, mais n’obtient aucune explication. Le mal est déjà fait. Une automobile finit par se garer devant la maison et les meurtriers sortent le corps enveloppé dans un manteau de fourrure. Ils se dirigent vers l’embouchure de la Neva et immergent le cadavre « dans un trou creusé dans la glace ».

 
Légende : Portrait de Grégory Raspoutine (Illustration du 6 janvier 1917. PER 147 29)

Cette semaine il y a 100 ans

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