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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 5 AU 11 FÉVRIER 1917
05 février 2017
Les États-Unis se tiennent jusqu’ici hors de portée de la guerre et entretiennent leur neutralité en diffusant des notes de paix ainsi qu’en protégeant les intérêts des uns et des autres. La guerre sous-marine allemande à outrance vient cependant bouleverser le fragile équilibre de cette politique étrangère et s’invite aux portes du pays. L’indépendance et le prestige des États-Unis sont en jeu et les intérêts économiques américains risquent d’être gravement lésés. La rupture des relations diplomatiques avec l’Allemagne vient s’opposer à cette pratique et annonce déjà l’entrée en guerre du président Wilson. Le Bonhomme Angevin (23 JO 12) relate les principales manœuvres politiques de cette semaine et ses conséquences pour les autres nations européennes.
La rupture des relations diplomatiques entre l’Allemagne et les États-Unis
Légende : La rupture des relations diplomatiques entre l’Allemagne et les États-Unis (Le Bonhomme Angevin du 11 février 1917. 23 JO 12)
Selon un télégramme officieux de Berlin à la Gazette de Francfort « on est d’avis qu’une guerre entre l’Amérique et l’Allemagne doit certainement résulter de la guerre sous-marine à outrance, laquelle continuera, quelle que soit la décision que le président Wilson prendra ». Les relations diplomatiques entre les deux pays sont donc ainsi rompues, dans un article du Bonhomme Angevin daté du 8 février 1917. Les États-Unis n’ont pas encore déclaré la guerre à l’Allemagne et attendent « une preuve indubitable que l’Allemagne a commencé sa campagne sous-marine sans restriction ». Le Sénat a d’ores et déjà ratifié sa rupture des relations et « veut tout ignorer de l’Allemagne ». La première mesure du gouvernement américain est de vouloir armer les navires de commerce transitant par l’Atlantique. L’ambassadeur des États-Unis, M. Gérard « dit que les autorités allemandes ont l’intention de le retenir, lui et son personnel en entier, ainsi que tous les consuls américains et leur personnel » dans l’attente du règlement du sort du comte Bernstoff et des équipages allemands saisis.
Les mineurs en grève en Allemagne
Malgré des ressources en charbon et une main-d’œuvre abondante mobilisée – voir accaparée-, l’Allemagne est secouée par une crise sans précédent de cette matière première. La situation est particulièrement critique en Wesphalie et les travailleurs en ressentent les effets critiques. « Après avoir en vain réclamé, non pas une augmentation des salaires mais des distributions de vivres », ils ont cessé le travail. La réponse des autorités passe alors par la formulation d’un décret qui rappelle le statut des ouvriers du charbon, d’après lequel « les mineurs sont assimilés aux militaires en service actif ». Les ouvriers sont donc arrêtés à leur domicile et conduits de force à la mine. De violentes collisions les opposent alors.
La question du ravitaillement en Suisse
La rupture des relations diplomatiques entre l’Allemagne et l’Amérique provoque des effets dans la politique de tous les pays engagés dans le conflit ou proches des zones de combats. La question du ravitaillement inquiète particulièrement la Suisse, pays neutre encerclé de toute part par des nations en guerre : « les journaux, tout en reconnaissant la grande valeur morale du président Wilson, observent une extrême réserve. Ils insistent sur la position très délicate de la Suisse, qui dépend absolument de l’Allemagne pour son ravitaillement en fer et en charbon. Les démarches officielles du pays helvètes s’effectuent avec prudence afin de ne pas prendre parti car « la plupart des bateaux qui servaient au ravitaillement suisse étaient en effet de nationalité américaine ».
Pour les familles des prisonniers de guerre
« La commission des prisonniers de guerre a été saisie de la proposition faite par la censure postale d’astreindre les familles à diminuer la longueur des lettres adressées aux prisonniers de guerre français ». Elles doivent s’abstenir de livrer tout renseignement étranger aux informations familiales, « notamment toute précision d’ordre militaire ».