Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 3 AU 9 DÉCEMBRE 1917
03 décembre 2017
Le Pays Baugeois (90 JO 1) s’appuie sur les prophéties allemandes énoncées à Guillaume Ier en 1848 pour prédire la fin de l’Empire germanique et appuyer sa propagande en faveur du troisième emprunt de la Défense nationale. Toutes les spéculations servant les intérêts de l’un et de l’autre sont bonnes à prendre pour mobiliser l’opinion et les soldats dans le dernier tournant de la guerre. À l’aube de l’année 1918, l’engagement et la volonté des nations dans le conflit n’ont pas faibli.
Prophéties allemandes
Légende : Prophéties allemandes (Le Pays Baugeois du 9 décembre 1917. 90 JO 1)
Le Bulletin des armées s’appuie sur les prophéties allemandes dictées à Guillaume Ier en Bavière afin de prédire la chute de l’Empire d’Allemagne et dénoncer les superstitions qui vont bon train de l’autre côté du Rhin. En effet, « les cartomanciennes et autres prophétesses, qui étaient autrefois impitoyablement chassées en Allemagne, s’étaient vues tout à coup, depuis quelques semaines, non seulement tolérées, mais encouragées ». Seule condition à cette reconnaissance tardive de la population allemande, leurs prédictions doivent être avant tout optimistes, « capables de ranimer l’espérance et la confiance chez les sujets du Kaiser ». La prophétie annoncée à Guillaume Ier en 1848 prévoyait qu’il serait empereur en 1871, qu’il devait mourir en 1888 et que la fin de l’empire allemand serait prévue pour l’année 1915. « Les prophéties des voyants, les pressentiments des hommes d’État sont d’accord, on le voit, pour prévoir la fin du despotisme germanique ».
Graine de bagne
La petite commune de Volandry est sous le joug d’une bande de vauriens qui laissent vagabonder le bétail dans les récoltes, volant et pillant alentour et menaçant même les femmes seules. Les joyeux drilles appartiennent tous à la même famille et sont connus par tout le voisinage. Le témoignage d’une victime est ainsi publié dans Le Pays Baugeois de cette semaine. « Si c’est pour soutenir de pareils chenapans que le mère dit-on, a un logement à la Flèche, touche l’allocation, c’est vraiment déplorable alors que tant d’honnête gens ont eu tant de peine à obtenir ». Les habitants ont décidé de faire justice par eux-mêmes. « Déjà, raconte-t-on, un des petits renards à deux pattes, surpris en train de voler des pommes et insolent comme un voyou, a reçu un bon coup de fourche […] Sur les bêtes vicieuses les paroles n’agissent nullement. Il n’y a que les coups qui comptent et font de l’effet sur elles. C’est seulement par la peur de raclées soignées que l’on peut espérer les mater. Et encore… Enfin on en fera l’essai ».
Le soleil qui se lève
L’appel du troisième emprunt de la Défense nationale est une fois de plus largement relayé par la presse nationale et locale. La majeure partie des articles du Pays Baugeois traitent des avantages à y souscrire et du devoir patriotique accomplit par cette action. « Le gouvernement français a besoin de dix milliards pour la nécessité de la défense nationale […] À cette heure s’accomplit la parole prophétique du maréchal Joffre : « le destin de la guerre se réglera sur la partie française du front occidental ». Les Empires centraux « ne sont parvenus qu’à donner à leurs peuples l’illusion du succès […] Les dix milliards que l’on vous demande, ô Français, voilà la baguette magique qui fera se lever du sol les forces obscures, amorphes et sans but auxquelles le travail humain va donner sens et figure […] Refuseriez-vous de prêter votre or quant tout commande de le donner ? […] Et comme il est aisé de discerner, dans le fauve reflet du métal, nécessaire et requis, les nuances d’aurore du soleil qui se lève ! ».