Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 9 AU 15 AVRIL 1917
09 avril 2017
La comparaison des performances matérielles ou morales entre la France et l’Allemagne occupe une grande partie du Petit Baugeois (95 JO 5) cette semaine. La diabolisation de l’Autre est un élément récurrent dans la presse. Que ce soit dans le domaine de l’aviation ou celui de la propagande menée par les deux pays pour justifier leur entrée en guerre, montrer sa supériorité et sa légitimité à l’ennemi est un élément important qui sert avant tout à convaincre l’opinion.
Le mensonge du 3 août 1914
Légende : Le mensonge du 3 août 1914 (Le Petit Baugeois du 14 avril 1917. 95 JO 5)
Le mensonge du 3 août 1914 est en réalité un ouvrage publié anonymement il y a peu. Cette étude historique revient sur la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France et répertorie les mensonges dispensés par l’Agence Wolff dans la presse allemande. Cette dernière accuse la France d’être responsable de la guerre et soutient la politique du chancelier qui « voulait justifier d’avance l’infamie de l’invasion belge ». L’auteur recense treize « inventions » allemandes :
1) Des avions français bombardent Nuremberg le 2 août 1914.
2) Un dirigeable français est aperçu allant de Keynich à Andernach le même jour.
3) Un avion français descend sur Wesel le 3 août 1914.
4) Les Français bombardent Karlsrune le même jour.
5) Et Coblentz,
6) Puis Duren et Cologne.
7 à 10) Pénétrations des troupes françaises sur le territoire allemand aux frontières.
11) Des autos chargées d’or ont cherché à gagner la Russie.
12) Un médecin français a jeté des microbes du choléra dans les puits de Metz.
13) Les Français ont envahi l’Allemagne le 3 août 1914.
La crise de l’aviation
Le Petit Baugeois réserve un article à l’aviation afin d’apaiser les inquiétudes sur l’infériorité des escadrons français : « le public s’est imaginé la crise beaucoup plus grave qu’elle n’est en réalité ». L’auteur revient particulièrement sur le rôle de l’aviation dans le soutien des opérations terrestres : « outre que cette arme, nouvellement née, plaît essentiellement au caractère français, elle a rendu de tels services qu’elle est devenue l’auxiliaire nécessaire du mouvement des armées et de leurs opérations ». Les deux défauts qui ternissent l’image de l’aviation française sont le manque de coordination dans la direction aéronautique et le retard accusé contre les avions ennemis, plus sophistiqués. Il existe deux types d’appareil en France : celui de « grande chasse » et celui de « petite chasse ». L’avion de « grande chasse » est « une merveille […] c’est grâce à lui que l’Allemagne n’a pu atteindre la maîtrise de l’air ». Le but de ces appareils est de détruire l’ennemi et établir des vols de barrage. Les avions de « petite chasse » sont utilisés dans les missions de protection afin de défendre les appareils de reconnaissance, de réglage et de bombardement. Les avions allemands n’ont pas de supériorité technique et nos pilotes font preuve de plus de maîtrise et d’audace (même si l’auteur reconnaît l’excellence des pilotes allemands). La crise de l’aviation française réside dans le fait que l’ennemi possède une meilleure tactique dans la reconnaissance et les bombardements.
Le président dactylographe
Afin que la population française se familiarise davantage avec leur nouvel allié américain, la presse locale propose une anecdote sur le président Wilson qui dessine le portrait d’un homme de bien. Ce dernier « n’a pas de secrétaire. Il « tape » lui-même ses documents à la machine à écrire. Il est très habile dactylographe, parait-il, mais il a ses petites mains [sic]. Il ne supporte aucune imperfection » et préfère retaper toute une page plutôt que de se corriger. Wilson est donc connu pour être un grand consommateur de papier. C’est un homme « également très prudent. Il détruit les feuilles « ratées ». À cet effet, un feu de bois brûle continuellement dans son cabinet de travail, même l’été ».