Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 25 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 1916
25 septembre 2016
L’avancée des Alliés dans la Somme se poursuit inexorablement. Sur le front occidental, l’armée franco-britannique ne cesse de conquérir du terrain grâce à un engagement total de leurs forces terrestres et aériennes. L’armée orientale n’est pas non plus en reste ; alors que les Russes, Roumains et Serbes s’acharnent sur les troupes austro-hongroises et bulgares, un nouvel allié vient leur prêter main-forte. La neutralité de la Grèce est désormais impossible à maintenir et un nouveau gouvernement provisoire se dirige vers la coopération avec les Alliés. L’issue favorable du conflit permet dorénavant à l’Angleterre de dicter ses futures exigences pour la paix tandis que la Hongrie s’enfonce dans une crise alimentaire sans précédent. L’Ouest (87 JO 15) nous fait part des événements de cette semaine.
Raid aérien sur Londres
La presse locale se passionne de l’échec des raids aériens lancés par les zeppelins allemands sur l’Angleterre. Quinze dirigeables bombardent la ville le 24 septembre 1916, et sont repoussés alors que les dégâts matériels et les pertes humaines sont minimes. Les Anglais se protègent de mieux en mieux des attaques de cette nature et « il semble que le beau temps des zeppelins soit à jamais fini ». La défense aérienne de l’Angleterre est telle que la population ne redoute quasiment plus leurs assauts et se transforme en témoin passif de l’attaque : « Brusquement se produisit un éclair ainsi qu’une grande flamme qui illumine le ciel. De tous les côtés, les spectateurs poussèrent des hourras ».
Nos poilus pourront fumer la pipe
« Un décret du 21 septembre autorise les militaires à fumer la pipe dans la rue et à se raser entièrement ». Les autorités semblent donc attacher davantage d’importance au bien être des soldats ainsi qu’à leurs conditions de vie sur le front.
Les Alliés prennent Combles sur le front de la Somme
Légende : Nouveau succès franco-britannique sur le front de la Somme, les troupes alliées s’emparent de Combles (L’Ouest du 1er octobre 1916. 87 JO 15).
Mardi 26 septembre 1916, L’Ouest retrace la spectaculaire progression des forces alliées sur le front de la Somme, qui avancent sur plus de vingt kilomètres. « L’action engagée, que faisait prévoir la violence des bombardements des jours précédents s’est exercée dans le secteur central du front de la Somme ». Conquérant la ville de Combles sur les positions allemandes, l’armée franco-britannique s’empare ainsi d’ « un très puissant centre de résistance » ennemi.
Ce que seraient les exigences de l’Angleterre lors du rétablissement de la paix
Le journal angevin reprend un article d’une revue anglaise commentée par la presse allemande sur ce que seraient les exigences de l’Angleterre lors du rétablissement de la paix. D’après le quotidien ennemi, les demandes sont telles « qu’il en déduit qu’il s’agit pour l’empire d’une guerre défensive » désormais. L’auteur nuance fortement ses propos : « Maintenant peut-être, mais au début … ». La liste des réparations aux Alliés se présente comme telle : partage des colonies allemandes, restauration de la Belgique et du Luxembourg, indemnités de 1 000 millions de livres sterling pour la violation de la neutralité belge et plus 500 millions pour les dommages causés, des indemnités proportionnelles à l’Entente et la restitution de territoires aux vainqueurs (notamment l’Alsace-Lorraine et la vallée de la Saar à la France). L’Allemagne devrait aussi remettre sa flotte et son armée aux Alliés qui réduira son effectif à un million d’hommes. Le journaliste anglais évoque même la destruction de certains palais en représailles des assassinats perpétrés contre des personnalités britanniques. « Quelques terribles que paraissent les conditions dont parle l’écrivain anglais, il y a lieu de penser qu’elle sont bien conformes […] aux intentions du Royaume-Uni, qui on sent devoir être impitoyable lors du règlement des comptes ».
La coopération grecque
Le 28 septembre 1916, suite à une réunion publique à laquelle assistaient des dizaines de milliers de personnes, M. Venizelos se place à la tête d’un gouvernement provisoire aux côtés des Alliés, en espérant que le roi Constantin « finirait par se joindre au mouvement ». Rejoignant le front révolutionnaire de Salonique combattant les Bulgares, M. Venizelos mit à disposition un certain nombre de marins au service des troupes alliées. Le peuple de Grèce « voit maintenant seulement d’une façon claire que toutes les forces militaires, navales et même civiles, se rangent du côté du mouvement révolutionnaire en faveur de la Défense nationale ».
La question alimentaire en Hongrie
La Hongrie fait face à une situation sanitaire insoutenable. « Le député comte Kardyi a déclaré que le gouvernement était incapable d’assurer le ravitaillement de la Hongrie, bien que le pays soit le centre d’approvisionnement en céréales de l’Autriche et de l’Allemagne ». Le coût de la vie a augmenté de près de 220 % et le peuple hongrois est mis dans « une situation intolérable ». Dans un élan de compassion pour les civils, L’Ouest écrit : « Le gouvernement ne fait rien pour améliorer le sort précaire de la population pauvre, et fait ainsi preuve d’un manque de solidarité sociale ». Le pays s’oriente donc vers la centralisation des denrées alimentaires et refuse que d’autres hommes soient mobilisés, estimant que l’Autriche épargne les siens.