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Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 18 AU 24 SEPTEMBRE 1916
18 septembre 2016
Si les victoires des Alliés sur le front de la Somme sont soutenues par une débauche de moyens humains (avec plusieurs centaines de soldats mobilisés), la science apporte également de nouveaux moyens militaires. La journée du 15 septembre 1916 est sur ce point tout à fait novatrice car les Britanniques expérimentent pour la première fois des chars d’assaut à Flers. Alors que la campagne d’hiver approche à grands pas, la perspective de nouveaux combats durant cette période particulièrement éprouvante divise les partisans de la guerre et ceux de la paix. Le Conseiller de l’Ouest (27 JO 19) revient sur cette semaine historique qui révolutionne à coup sûr l’armement militaire.
Les autos-blindés terrifient les Allemands
Légende : Les autos-blindés terrifient les Allemands (Le Conseiller de l’Ouest du 24 septembre 1916. 27 JO 19. Dessin de l’Illustration du 2 décembre 1916. PER 147/28).
L’entrée en lice des « tanks » ou « dreadnoughts » anglais dans la bataille de la Somme est un élément révolutionnaire dans la stratégie des Alliés et explique en partie l’avantage obtenu sur le terrain par les troupes franco-britanniques lors des combats des 15 et 16 septembre 1916. Lancés en avant des forces terrestres, les autos-blindés enfoncent les lignes allemandes sans que ces derniers ne puissent riposter. L’enthousiasme des soldats est palpable : « tandis qu’ils mettaient en gaieté l’armée britannique, qui riait de leur aspect bizarre et de la facilité avec laquelle ils triomphaient de tous les obstacles », ce fut pour les Bavarois « une épreuve impossible à surmonter ». « Ils se rendirent ou succombèrent dans un combat inégal » entre l’homme et la machine. Arrivant près de l’abri d’un colonel allemand, le commandant d’une de ces auto-blindées invite même ce dernier à y entrer « et se promena ensuite pendant des heures sur le champ de bataille et ne remit le prisonnier qu’en fin de journée entre les mains des premiers soldats anglais rencontrés ».
Une ligue de femmes allemandes pour la paix
Tandis que l’offensive sur la Somme est relancée avec plus de violence, les femmes allemandes « viennent de fonder une ligue nationale pour une paix durable ». Leur programme se décline en quatre points : « Appuyer les organisations en Allemagne qui ont pour but d’empêcher une nouvelle guerre entre les peuples de Kulture, seconder et renouveler les relations internationales, essayer de rassembler toutes les organisations en Allemagne ayant pour but d’enrayer toute velléité guerrière » et enfin « exiger l’égalité des droits politiques des femmes allemandes pour pouvoir exercer une influence sur la politique ».
La campagne d’hiver
« Toujours prudents, nos alliés anglais songent à l’avenir ». Alors que la campagne d’hiver approche, l’arrêt des combats ne paraît pas être l’option privilégiée par le colonel Repington. Il écrit alors : « il est de règle […] que dans cette guerre, les opérations se ralentissent pendant l’hiver » afin de constituer des réserves de munitions, mais ce « désavantage ne devrait plus subsister ». « Nous ne pouvons en aucune façon dire que l’hiver prochain sera une période d’inactivité » et les opérations seront difficiles à mener. « L’attaque générale de l’Entente est devenu réalité » comme le souligne la presse allemande. Cette dernière reconnaît par ailleurs qu’elle est « exécutée […] avec une bravoure et une énergie extraordinaires ». La guerre offre maintenant « l’aspect d’une terrible lutte entre les peuples, comme l’histoire n’en a jamais vue », mais les Allemands continuent à placer leur confiance dans le maréchal Hindenburg qui les rassure en affirmant que les positions tenues par son pays sont stables. « Nous pouvons entièrement nous fier à la franchise du feld-maréchal » déclarent-ils.
Crime passionnel place Ayrault
Un fait divers dramatique secoue toute la ville d’Angers le vendredi 15 septembre 1916. René Tardif, combattant en permission et épicier place Ayrault s’est rendu coupable d’une tentative de meurtre sur la personne de son épouse et du meurtre d’un agent de police. Soupçonnant cette dernière de le tromper en son absence, celui-ci renouvelait depuis plusieurs jours des menaces meurtrières. Il passe à l’acte vendredi et tente d’assassiner sa femme avec un revolver. Alertés, les forces de la police, de la gendarmerie et les pompiers interviennent sur les lieux alors que l’homme s’est retranché dans son appartement. Connaissant René Tardif, l’agent Raimbault essaye alors de raisonné le criminel qui l’abat sur place. Après un échange de feu nourri, l’épicier est touché par balles et retrouvé agonisant sur son lit. L’arrestation a finalement lieu après la fusillade, mais la population est profondément marquée par la violence de l’acte.
Conseils pratiques aux mutilés de guerre
Instituteur du Maine-et-Loire amputé du bras droit après une blessure sur le champ de bataille, M. Albert Charleux dévoile dans son livre ses conseils pratiques pour les mutilés de la guerre. Il divise son ouvrage en plusieurs chapitres expliquant comment tenir un crayon, un cahier, ou positionner son corps. Ce sont autant de gestes à réapprendre dans la vie de tous les jours et une reconnaissance pour tous les soldats sacrifiés dans les combats meurtriers : « nous avons le devoir de tout entreprendre pour mettre les amputés de la guerre en état de rester des travailleurs, des citoyens utiles et libres ». « C’est en un mot une très bonne méthode d’écriture, de rééducation dont tous les mutilés du bras droit ne manqueront pas de faire le meilleur profit ».