Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 1916
11 septembre 2016
L’avantage des Alliés sur le front de la Somme se confirme et les troupes progressent régulièrement sur les lignes ennemies. L’offensive se poursuit sans relâche et certains entrevoient déjà la fin de la guerre. Malgré les victoires militaires qui se veulent rassurantes, la situation financière de la France est quant à elle précaire. Les civils sont de plus en plus souvent sollicités pour pallier les dépenses de l’effort de guerre. La situation démographique du pays préoccupe également les représentants au pouvoir qui mettent sur pied un nouveau projet de loi. Le Progrès de l’Ouest (106 JO 9) délivre les principaux enjeux de cette semaine.
L’avance méthodique sur la Somme
Légende : L’avance méthodique sur la Somme (Le Progrès de l’Ouest du 17 septembre 1916. 106 JO 9).
« Notre avance régulière sur la Somme doit nous rappeler toujours, qu’avant cette offensive superbe de nos troupes, nous étions sur la défensive à Verdun ». Le souvenir cuisant de cette dernière grande bataille rangée de l’année 1916 est présente dans les esprits de tous, relativisant ainsi la succession de victoires du côté Alliés. « L’offensive se poursuit avec vigueur et méthode, minutieusement préparée par un bombardement de toutes les heures que l’ennemi assure sans précédent ». La stratégie franco-britannique s’abat inlassablement sur l’armée allemande qui laisse désormais derrière elle quelques places fortes. « Les positions conquises par le général Fayolle dominent maintenant Combles » et des milliers de prisonniers et de nombreuses pièces d’artillerie sont récupérés. Dans un discours retranscrit partiellement dans Le Progrès de l’Ouest du 17 septembre 1916, le président du Conseil, Aristide Briand déclarait : « Le développement de la guerre sur les différents théâtres d’opération montre que les Alliés ont pris désormais sur l’ennemi un ascendant que la coordination, soutenue de leurs efforts ne peut qu’accentuer ». « L’heure des réparations approche pour les individus comme pour les peuples sur lesquels s’est abattu l’agression germanique ». L’issue de la guerre « est désormais certaine ».
Déportation massive dans les territoires français occupés
Un communiqué officiel de Genève parait le 14 septembre 1916 en faisant part d’une nouvelle préoccupante pour le sort des civils français en territoire occupé par l’Allemagne. « Le Grand Conseil a adopté en effet un arrêté législatif priant l’Assemblée fédérale de protester contre la déportation en masse des non-combattants […] en violation de la convention de La Haye ».
Appel du Comité National de l’or et des bons de la Défense nationale
Fondé par des hommes « appartenant à tous les partis, à toutes les opinions, à toutes les professions et à toutes les régions de la France », le Comité National de l’or et des bons de la Défense nationale appelle tous les français et toutes les françaises à répondre à une cause nationale. Il s’adresse notamment « au patriotisme de tous les Français, à leur bon sens, à leur raison » afin qu’ils contribuent eux aussi à l’effort de guerre « pour armer nos troupes, pour leur procurer les armes et les munitions qui les protègent ». « La France a besoin de ressources, il faut les lui fournir en échangeant tout d’abord notre or contre des billets de Banque ».
Le relèvement de la natalité française
Le Progrès de l’Ouest reprend sur ce point un article publié dans le journal Matin évoquant le projet de loi sur la famille de M. Paul Benoret, député de l’Indre. Ce dernier propose un nouvel élément d’explication concernant le conflit mondial en se basant sur la statistique démographique. Il avance ainsi que l’Allemagne, « ce peuple arrogant et pillard, avait mis toute sa confiance dans le fait qu’il combattrait d’abord à deux contre un ». Préméditant son attaque, la population allemande et le nombre de conscrits dans ce pays étaient bien supérieurs à la France. En 1913, quand elle comptait 39 millions d’habitants, les Austro-germains en comptaient quant à eux 121 millions. De même entre 1911 et 1914, la France dénombrait 293 000 conscrits contre 55 000 en Allemagne. Selon M. Paul Benoret, « L’avenir de la paix » réside donc dans le relèvement de la natalité française. Il propose donc une prime aux mères de famille nombreuse : 500 francs pour les deux premiers enfants, 1 000 pour le troisième, 2 000 pour le quatrième et 1 000 pour chacun des autres enfants. Si les idées paraissent bonnes, le journal et l’opinion sont sceptiques ; « croit-il que les mesures proposées aboutiront au résultat voulu ? […] les statistiques prouvent que la natalité s’est abaissée en France de la façon la plus inquiétante ». La guerre creuse des « vides effrayants » et « il s’agit de savoir si l’on veut que la France meure après la victoire ou qu’elle en vive ».