Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 15 AU 21 MAI 1916
15 mai 2016
Cette semaine, Le Patriote de l’Ouest (89 JO 54) annonce les évolutions des combats sur les différents fronts d’Europe et d’ailleurs. Le témoignage des officiers anglais sur les souffrances de la garnison lors du siège de la ville de Kut-el-Amara est atroce.
Mardi 16 mai 1916, le guide pratique des familles éprouvées par la guerre
Le nouveau guide pratique est mis à jour et vient de paraître. Ce volume « est indispensable aux familles ainsi qu’aux Maires, Adjoints, Secrétaires de Mairie, etc. ». Son but est d’informer sur « les droits des parents » et d’aider à « constituer les dossiers relatifs aux secours divers : pensions, allocations décès, emplois réservés aux veuves ». Le guide renseigne aussi sur « les formalités à remplir dans le cas de succession de militaires décédés » et sur les recherches à entreprendre pour retrouver quelqu’un de disparu ou pour correspondre avec les prisonniers. Le lecteur intéressé doit demander le guide et envoyé un mandat poste de 1 francs 75 à l’administrateur du journal L’Ouest à Angers.
Mercredi 17 mai 1916, l’échec de l’attaque allemande en Champagne
Alors que l’accalmie règne sur le front de Verdun, c’est en Champagne qu’un regain d’activité est enregistré. Entre Souain et la lisière occidentale de l’Argonne, les Allemands lancent « une série de petites attaques à faible effectif qui avaient été précédées d’un vigoureux bombardement » mais les troupes françaises repoussent toutes tentatives d’avancées allemandes. Le journal s’interroge sur la possibilité d’un nouveau front en Champagne mais reste lucide, cela pourrait être une feinte de la part des Allemands.
Vendredi 19 mai 1916, l’offensive autrichienne contre les Italiens
Vers la fin de l’hiver, les chefs militaires interviewés dans les journaux autrichiens et allemands annonçaient que « l’Italie allait être châtiée prochainement par une offensive de grand style ». Des semaines de silence ont suivis laissant penser qu’il n’y aurait rien. Le général italien Cadorna remarque tout de même « les concentrations régulières de contingents nouveaux » d’Autrichiens. Justement, ces derniers lancent, par la suite, une violente attaque dans la vallée de Lagarina. La lutte est maintenant engagée. L’infanterie autrichienne tentent de prendre les positions italiennes mais « décimée par le feu de l’artillerie et des mitrailleuses et contre-attaquée violemment, elle a dû se replier sur ces anciennes positions ». Face aux premiers chocs, le général Cadorna ordonne à ses troupes d’abandonner les tranchées d’observation mais le journal précise que ce repli n’a rien d’inquiétant. Il s’agit non pas d’un « enfoncement des lignes italiennes » comme le disent les bulletins de l’état-major autrichien mais « d’une rectification forcée » et stratégique.
Samedi 20 mai 1916, le drame de Kut-el-Amara
Le Patriote de l’Ouest relaie les détails, obtenus par un journaliste anglais, de quatre officiers britanniques qui ont vécu le siège de Kut-el-Amara, au sud de Bagdad. Aidés par les forces indiennes, les Anglais prennent la ville. Les Turcs, à leur poursuite, tentent d’assiéger la ville pendant plus d’une centaine de jours. Les troupes britanniques résistent mais les ressources vitales commencent à s’épuiser gravement. Les officiers racontent que « les privations de la garnison et surtout de l’hôpital commencèrent sérieusement vers le milieu de février », « le lait manqua et les hospitalisés furent nourris de maïs et d’eau de riz », « du 25 au 29, les seuls vivres étaient ceux jetés par les aéroplanes » car « toutes les bêtes servant pour l’artillerie, la cavalerie et les transports avaient été mangés ». Le journaliste évoque une mortalité moyenne au quotidien de huit Anglais et deux Indiens. La ville sera finalement prise par les Turcs. Ces derniers traitent convenablement les prisonniers les laissant pour la plupart dans les hôpitaux et leur distribuant à chacun des « poignées de cigarettes ». Les officiers interrogés parlent même d’une fraternisation entre les deux camps.