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Il y a 100 ans cette semaine

SEMAINE DU 7 AU 13 JUIN 1915

07 juin 2015

De graves tensions se manifestent entre les États-Unis et l’Allemagne. Pour autant, la dernière note envoyée par la première puissance mondiale ne présage pas d’un engagement prochain du pays dans le conflit. La guerre continue et devient encore plus violente, comme en témoignent les rapports sur la composition des gaz asphyxiants utilisés au combat. Malgré la guerre, l’exposition universelle est maintenue à San Francisco et la France y participe. Autant de sujets évoqués cette semaine par le quotidien Le Patriote de l’Ouest (89 JO 53).

Lundi 7 juin 1915, la composition des gaz asphyxiants

La question sur les composants des gaz asphyxiants utilisés par les Allemands sur le champ de bataille continue « à exciter la curiosité du public et du monde scientifique ». Le journal apporte les explications de deux scientifiques. Pour De Waal, les gaz sont composés de peroxyde d’azote. Pour le professeur Lewin, il s’agit d’oxyde de carbone. Son étude est publiée dans la Mediz-Worchenschrifft de Munich et traite des empoisonnements par les gaz d’explosion, il n’évoque pas directement les gaz asphyxiants utilisés par les Allemands sur le front. Pour lui, il n’y a que l’oxyde de carbone « qui manifeste une telle diversité d’effets » et « qui provoque autant de troubles fonctionnels chez l’homme ». L’expert en toxicologie précise qu’il « suffit d’une très petite quantité de ce gaz pernicieux » pour asphyxier un homme et le tuer.

Lundi 7 juin 1915, le raid aérien sur le quartier général du Kronprinz


Le journal signale « les exploits de la quatrième arme » en revenant sur l’escadre qui bombarde le quartier général du Kronprinz. Ce sont 29 aéroplanes alliés qui sont allés jeter 178 bombes et fléchettes. Une dépêche de la Haye évoque un nombre important d’hommes tués sans donner de chiffres exacts. Au-delà de ces décomptes, l’action montre encore une fois l’hardiesse des aviateurs français et de leurs alliés. La guerre se déroule aussi dans les airs avec les attaques régulières d’avions dans les deux camps, comme la dernière en date qui est la frappe par 18 avions français d’une usine de produits chimiques à Ludwigshafen en Allemagne. Le journal souligne que ce raid sur le quartier général aurait pu couter la vie au fils du Kaiser, le Kronprinz. Il en est fait une description très peu élogieuse. Le journal le qualifie de vautour qui se distingue sur tous les fronts par des vols et des pillages. Au niveau de ses qualités militaires, le journal précise que s’il en a parlé, « c’était pour les nier » : il commet de nombreuses fautes tactiques, il connait la défaite de la Marne et pour autant, son père lui confère la croix de fer.

Mercredi 9 juin 1915, les succès de la section française à San Francisco

Officiellement, la section française de l’exposition universelle et internationale de San Francisco est ouverte depuis le 4 juin 1915. Dans le pavillon français, les visiteurs peuvent admirer les produits des manufactures de Sèvres et des Gobelins, ainsi que le Mobilier national. Une partie est également réservée aux arts décoratifs, aux sports et à la mode. Une exposition est consacrée aux souvenirs franco-américains et met en valeur la figure de La Fayette. M. Moore, président de la « Panama Pacific Exposition » est vivement remercié par télégramme, par le ministre français du Commerce et de l’Industrie, Gaston Thomson, pour son implication et son aide apportée aux Français durant l’exposition. M. Moore lui répond en soulignant que la section française « constitue la participation la plus significative de tous les pays représentés à San Francisco ».
 

Péristyle d’honneur avec l’exposition des Gobelins et de Sèvres (L’Illustration du 11 septembre 1915 PER 147/26)


Jeudi 10 juin 1915, le président de la République aux champs de bataille de l’Est

Raymond Poincaré s’est rendu à Verdun. Il visite les camps retranchés et examine le terrain gagné par les troupes français en Woëvre, aux Éparges. Il décore « les officiers qui s’étaient signalés par leur bravoure dans les engagements récents ». Enfin, il est passé par Pont-à-Mousson où il félicite les troupes qui opèrent au Bois d’Ailly pour « leur endurance et leur ardeur ».

Vendredi 11 juin 1915, le Gouvernement français prend des mesures pour assurer la production du matériel de guerre
 

Le Gouvernement français décide qu’il faut augmenter le matériel de guerre français. Pour cela, il faut que l’industrie française fasse « un nouvel effort ». Au début de la guerre, de nouvelles pièces sont créées et produites pour « répondre aux premiers besoins de la défense nationale ». Désormais, cet effort doit « se consolider en une œuvre méthodique d’organisation qui permettra d’employer, au mieux, toutes les ressources de l’industrie nationale ». Le Gouvernement prend donc des décisions afin d’aider les industriels travaillant pour la guerre :


« 1° : le gouvernement a décidé de rendre aux industriels – quelle que soit leur classe et quelque soit leur garde – les ouvriers ayant travaillé autrefois dans leurs usines et qu’ils réclament nominativement, comme indispensables, à leurs fabrications ».

« 2° : le gouvernement a décidé, outre ces appels individuels, de répondre aux demandes d’ouvriers professionnels ou manœuvres qui lui sont adressées par les industriels pour le renforcement de leurs effectifs du temps de paix, incomplètement reconstitués ».

Enfin un service de placement sera mis en place pour centraliser à la fois les demandes d’ouvriers et les offres industriels.

 « Ainsi seront utilisées toutes les ressources de main d’œuvre dont peut disposer la nation mobilisée ; ainsi seront reconstituées, avec toutes leur capacité productrice, les entreprises du temps de paix qui peuvent être tournées vers la guerre ; ainsi sera accrue pour la défense nationale toute la force de production dont notre industrie est capable ».

Dimanche 13 juin 1915, l’incident germano-américain


 
L’incident entre les deux pays s’explique par la guerre sous-marine et le torpillage du « Lusitania » qui a couté la vie à beaucoup d’Américains. D’autres événements sont venus se greffer à cela.
M. Bryan, secrétaire d’état américain, germanophile, pose sa démission. Le président des États-Unis, Wilson, accepte, cette fois-ci, son départ. Il est remplacé par M. Lansing « dont la compétence est reconnue en matière de diplomatie et de droit international ». Selon le Daily Telegraph qui a reçu une dépêche de New-York : « l’Amérique […] appuie avec fermeté le président Wilson ». De plus, le journal précise que la « bonne attitude de la Bourse est le meilleur commentaire de la situation ».

Un échange de notes s’est réalisé pendant la guerre entre les États-Unis et l’Allemagne. À ce stade, la dernière note date du 11 juin 1915. Elle est rédigée en terme courtois et amicaux. La note informe l’Allemagne que le Gouvernement des États-Unis peut lui fournir « des informations complètes sur l’attaque du « Cushing ». Elle « dit également que l’Amérique est surprise que le gouvernement impérial n’ait pas cherché à dégager sa responsabilité en ce qui concerne les pertes d’existences américaines résultant du torpillage de vaisseaux par ses sous-marins ». Enfin elle « ajoute que l’Amérique est prête à servir d’intermédiaire entre l’Allemagne et l’Angleterre pour régler la conduite de la guerre sur mer ».

L’émotion est grande aux États-Unis suite à la découverte des « plans d’une gigantesque agence, créée par le Gouvernement allemand et qui avait pour but d’obtenir le contrôle de toutes les principales manufactures de canons et de munitions du pays afin de les empêcher de faire, dans l’avenir, des livraisons aux alliés ».

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