Détail d'un article
Il y a 100 ans cette semaine
SEMAINE DU 26 OCTOBRE AU 1er NOVEMBRE 1914
26 octobre 2014
Suite à la défaite d’Anvers et l’évacuation de la ville, les Belges incarnés dans leur roi Albert Ier viennent en renfort aux troupes franco-anglaises. Les deux camps s’affrontent lors d’une nouvelle bataille acharnée sur l’Yser. L’hebdomadaire Le Messager de l’Ouest donne des précisions sur les événements survenus à l’arrière. L’arrière doit continuer à vivre malgré l’absence de la main d’œuvre principale et doit aussi soutenir le front par des actions multiples.
L’échec allemand dans le Nord est complet
L’armée allemande veut attaquer les troupes alliées installées sur le fleuve de l’Yser. Mais « les Allemands ont rencontré une merveilleuse résistance ». Les troupes françaises, anglaises et belges défendent vaillamment leur position, ce qui est « d’un heureux augure pour l’avenir ». L’armée allemande est composée de « beaucoup de gamins de 16 ans » et « d’hommes d’un âge avancé portant des lunettes et une longue barbe blanche ». Mais le journal précise aussi qu’une « grande quantité de bombes allemandes ne font pas d’explosion ». Cette bataille de l’Yser fait suite à la volonté des Allemands de prendre « Calais à tout prix ». Par conséquent, ils tentent de passer « de tous les côtés et perdent beaucoup d’hommes ». Le journal évoque 16 000 Allemands tués.
Le Messager de l’Ouest présente en première page le portrait d’Albert Ier « qui sacrifia son pays pour la Défense du droit ». En effet, Albert Ier, suite à la prise d’Anvers par les Allemands, préconise l’idée d’une paix de compromis entre les Allemands et son peuple afin de préserver son territoire. Les discussions n’ayant pas abouties, Albert Ier décide de soutenir la France en combattant à ses côtés sur le front.
Albert Ier, le roi des Belges (Le Messager de l'Ouest, 81 JO 8)
Remerciements à la population de Maine-et-Loire
Edmond Fabre, préfet de Maine-et-Loire, s’adresse à la population du Maine-et-Loire à propos de sa demande de couvertures pour les soldats du front. Il écrit : « en vingt jours, elle m’en a envoyé vingt mille en y joignant dix mille cinq cents effets chauds de diverses sortes ». Il exprime sa « reconnaissance émue » et adresse, de façon générale, ses remerciements à « ces milliers de nobles cœurs animés d’une ardeur sacrée où se sont unies toutes les croyances, toutes les opinions, toutes les classes sociales ».
En vue des semailles
Le ministère de l’Agriculture adresse aux préfets une circulaire relative aux permissions à accorder aux soldats en vue des semailles. En effet, voyant la date des semailles approchée et devant un effectif réduit d’agriculteurs, des permissions d’une durée maximum de 15 jours pourraient être délivrées. Les hommes concernés sont ceux « des dépôts territoriaux de la zone de l’intérieur qui exercent des professions agricoles ». Le ministre souligne le rôle crucial des maires qui doivent surveiller ces hommes, ces derniers devant être « employés tout leur temps disponible aux travaux des semailles » et repartir, comme il se doit, à leurs postes militaires à la fin de leurs permissions respectives.
« 40 jours de captivité. Le récit d’un docteur angevin qui fut prisonnier des Allemands ».
Cet article est issu du journal Le Conseiller de l’Ouest.
Un médecin, originaire des environs d’Angers, est fait prisonnier avec son ambulance par les Allemands. Remis en liberté, il donne au journal Le Conseiller de l’Ouest des détails sur sa captivité. Son nom est gardé sous silence.
Mobilisé le 2 août 1914, il est attaché au service santé du 9e corps et part pour la région de Nancy. Il est envoyé dans le village de Launois (arrondissement de Mézières) afin de prendre en charge des blessés arrivés en nombre important. L’armée allemande approchant, le village est évacué. Le médecin reste, lui, avec les derniers blessés dans le village. Le 29 août, quatre obus allemands sont tirés entrainant l’incendie d’une ferme logeant des blessés. Le médecin raconte à ce propos : « c’est là que je vis pour la première fois l’exemple de la barbarie teutonne ». Aucun Allemand passant à proximité de la maison en feu ne s’arrête pour dégager les blessés. Il poursuit : « je fus confirmé dans mon horreur pour ces soudards quand je les vis, entrés à Launois, s’acharner sur les maisons vides en briser les portes et les volets à coup de crosse de fusil et en incendier systématiquement quelques-unes ». Le médecin modère ses propos et précise que ces hommes agissent « en vertu d’ordres précis » et « par peur ». Il est libéré le 7 octobre mais transporté avec ses quatre infirmiers en Belgique, puis en Allemagne et enfin en Suisse. Il révèle que pendant les six semaines de captivité, on lui a fait croire la défaite française, la prise de Verdun ou encore la marche triomphale sur Paris et justement, il dit « ce qui nous réconforta le plus se furent les nouvelles exactes qu’on nous donna de la France ». Ce n’est que le 12 octobre 1914 qu’ils reviennent « sur le sol de la Patrie ».