La vie quotidienne à l’arrière
La surveillance de l’opinion publique
Immédiatement après les premiers combats , le ministre de la guerre Messimy envoie une circulaire aux directeurs de journaux encadrant strictement leur mission : « Renseigner exactement le public ; ne publier que des faits contrôlés par l’autorité compétente, exclure résolument tous les autres ; souligner et développer tout ce qui est de nature à exalter le sentiment national et à renforcer la confiance du pays dans son admirable armée : rejeter sans exception tout ce qui risquerait de l’alarmer ou de la troubler, voilà, Monsieur le directeur, le rôle de la presse ».(circulaire du 10 août 1914). La presse est donc à la fois contrôlée au moyen des sources d’informations dont elle dispose par l’armée ou la préfecture et censurée dans son contenu notamment concernant l’état d’esprit qu’elle serait à même d’inspirer à ses lecteurs. Le contenu chauvin, patriotique, résolument optimiste sur l’issue de la guerre se heurtera rapidement à la réalité avec les premières arrivées de blessés dans le département. Le 25 août 1914, c’est 450 blessés qui sont soignés à Angers et des milliers d’autres qui transitent par la gare Saint-Laud. Leur état physique et psychologique, leurs témoignages des combats font craindre aux autorités civiles et militaires de la ville une « contamination défaitiste » qui les conduit à publier une affiche et un communiqué dans la presse enjoignant aux civils de rester sourd à ces témoignages imaginaires ou décourageants.
Pour aller plus loin
- Alain Jacobzone, En Anjou, loin du front. Davy, 1988.